Description du projet

Quel est le profil psychologique des auteurs de féminicides ?

Alexia Delbreil analyse depuis 20 ans tous les dossiers judiciaires de tentatives et d’homicides conjugaux jugés par la cour d’appel de Poitiers.
La chercheuse explique ainsi que 2 PROFILS GÉNÉRAUX se dégagent.
-Il y a d’abord l’auteur de violences conjugales physiques habituel dans un rapport dominant-dominé et qui passe à l’acte dans un contexte précaire et d’alcoolisation.
-Il y a ensuite la période des 3 à 6 mois qui suivent la séparation. Ce sont des auteurs qui pour la plupart n’ont jamais exercé de violences physiques mais qui exerçaient une emprise à bas bruit sur leur compagne, incapables de se projeter dans cette séparation. Et celle-ci réactive un sentiment d’abandon dû à des carences affectives et éducatives. Ils vivent leur relation comme immuable, et quand elle n’est plus là, tout s’effondre.

Et ces hommes ne vont ni reconnaître ni prendre en charge ce mal-être. Pourtant 50% des passages à l’acte sont précédés de menaces suicidaires. Ce mal-être évolue jusqu’à créer des tensions internes très importantes, qui aboutissent à un acte pulsionnel: pour qu’il y ait un retour à l’équilibre, il faut que l’un des deux disparaisse.

Il existe aussi une négation de l’autre, qui n’est pas considéré comme un individu propre mais comme un effet miroir, qui apporte une valorisation de la personne et comble des failles narcissiques. Il y a une espèce de fusion qui a souvent poussé à nommer à tort le crime de « passionnel ». En fait, il y a un déni de l’autre: « J’ai besoin de l’autre et besoin de dominer la situation et la partenaire ». Ce n’est ni de la passion ni de l’amour.

«L’acte meurtrier est commis lorsque l’homme se rend à l’évidence que la séparation est irrémédiable, pour se venger de l’abandon ressenti, pour empêcher la femme d’être avec une autre personne. L’homicide est alors une réaction à la « dépossession », où l’amour laisse place à la haine. La compagne est assimilée à un objet qu’il désire être tout à lui. La vengeance et la querelle sont les motivations suivantes, le plus souvent dans un contexte où la violence et la consommation d’alcool sont courantes.»